Chaque année, le Diam 24 od fait de nouveaux adeptes en Angleterre. La flotte de trimarans, basée sur le Solent, ne passe pas inaperçue au milieu des centaines de quillards. Phil Cotton, pionnier de ce côté du Channel, est aussi le président de la classe britannique. Sur une île encore attachée à la culture du monocoque, il a déjà fait quelques convertis.
Comment se porte la classe Diam 24 en Angleterre ?
Nous n’avons que sept bateaux aujourd’hui en Angleterre mais ce n’est pas le plus important. Lors du National Diam 24, nous n’étions que quatre mais chaque bateau a gagné une course et terminé dernier une fois. Les courses sont incroyablement serrées. Le premier bateau a terminé avec 7 points, le second a 8 points et le quatrième à 12 points. Bien sûr, nous voulons être plus nombreux mais en termes de course monotype, c’est inhabituel de naviguer au contact avec deux ou trois concurrents. C’est super.
Vous êtes tous basés au même endroit ?
Oui, c’est une bonne et une mauvaise chose. Tous les bateaux sont à Hamble Point près de Southampton, sur le Solent. Nous avons un bon groupe et de belles régates ensemble, c’est le bon côté. Le mauvais côté, c’est que si tu habites loin de Southampton, ça fait beaucoup de route. Donc nous avons besoin d’une autre base pour se développer dans le Sud Ouest ou peut-être dans l’Est. Il pourrait y avoir deux ou trois bateaux par là-bas. Nous avons besoin d’une seconde flotte pour nous étendre géographiquement. Nous sommes optimistes car beaucoup de personnes font preuve de beaucoup d’intérêt pour le bateau. Je ne comprends juste pas ce qui les retient encore d’en acheter un ! Nous naviguons beaucoup dans le Solent. Nous avons toujours beaucoup de commentaires.
Quelles sont les principales qualités de ce bateau ?
La qualité de construction est excellente. La solidité, également. Il est bien conçu, très bien pensé. J’aime le système d’enrouleurs. Le SeaCat 30 est un bateau très performant mais il est beaucoup plus physique. Avec le Diam 24, je peux continuer à naviguer avec ma femme et les winchs ne sont pas trop durs. J’aime sa simplicité. En particulier les écoutes, de la grand-voile et du foc, ainsi que le nouveau hale bas et la tension du gréement est bonne. Ce qui est bien c’est qu’on ne peut pas jouer sur le rail et les angles d’ouverture. (…) C’est simple, c’est bien construit, et surtout, on en a pour son argent. Ce que tu as, par rapport à d’autres bateaux, c’est le meilleur rapport qualité – prix. Il n’y a aucun autre bateau – à ce prix-là – qui puisse rivaliser en termes de performances. C’est aussi un bateau assez tolérant. Quand tu commences à le connaître un peu mieux, tu réalises que tu peux le pousser un peu plus loin et que ça se passe bien.
Comment est-il accueilli en Grande Bretagne ?
C’est dommage que les photos du bateau qui circulent le plus soient celles qui montrent des chavirages. Nous n’avons eu qu’un seul chavirage en Angleterre. C’était un gars qui n’était jamais monté sur le bateau avant ça. Il est allé directement sur sa première régate et il a poussé trop fort. Et à ce moment-là, toutes les photos et la publicité autour de la course était de montrer ce bateau à l’envers. Ce n’est pas facile de revenir là-dessus. Quand on parle du bateau à des personnes intéressées, nous devons avant tout expliquer comment le remettre à l’endroit en cas de chavirage. Nous rappelons que lorsque nous sommes en course, il y a toujours des semi-rigides avec nous pour ressaler le bateau si nécessaire. Si vous êtes raisonnables, vous saurez maitriser le bateau en finesse. On peut s’amuser avec.
L’Angleterre est un pays encore tourné vers le monocoque ?
Il y a des J70, des J80, des Fast 40 et tout ça… des monocoques. Beaucoup de personnes s’intéressent au Diam 24 mais je reste convaincu que les gens, en Angleterre, ont une mauvaise perception des multicoques. Pour eux, les catamarans, les trimarans ne permettent pas de faire des courses sérieuses. Même s’il y a l’America’s Cup, il y a toujours des résistances. Je pense que c’est culturel. Ce n’est pas comme en France où les gens adorent les multis. En Angleterre, je ne sais pas pourquoi, les gens préfèrent les monocoques lents. Je suis persuadé qu’il faut qu’ils viennent essayer un Diam. Au près, c’est comme un monocoque mais en plus rapide et en plus intéressant. Mais au portant, la plupart des monocoques ont des voiles adaptées et des bons angles de descente. Donc il faut essayer pour savoir.
Les choses sont-elles figées ?
Je pense que, petit à petit, ça va évoluer. Ça peut venir des jeunes coureurs. Par exemple ce week-end, nous avions trois jeunes très talentueux venant du 49er, du RS 18… Ils avaient tous moins de 22 ans, ils n’avaient jamais navigué ensemble auparavant et ils ont gagné. Ils ont adoré. Et nous cherchons toujours des jeunes venus du multicoque mais pour eux, c’est cher et ils cherchent à faire une préparation olympique. Il y a des passerelles entre les catamarans et le Diam 24 ne fait pas partie de ce chemin vers l’olympisme. (…)
Est-ce que la flotte anglaise peut venir naviguer en France ?
Ce qui fonctionnerait bien, ça serait une semaine, ou 5 jours de course quelque part dans le sud de la France, ou sur le Lac de Garde ou en Suisse. Un endroit attirant où l’on pourrait aller et en profiter pour être en vacances. Je pense que beaucoup de bateaux seraient intéressés par ce type d’événement. Ce ne serait pas forcément pour les coureurs professionnels mais plutôt pour les régatiers « du dimanche ».